Revue de presse : France 3 Hauts-de-France évoque les actions arpejeh en faveur des jeunes en situation de handicap - arpejeh

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Revue de presse : France 3 Hauts-de-France évoque les actions arpejeh en faveur des jeunes en situation de handicap

Comment améliorer l’inclusion des personnes en situation de handicap dans le monde du travail, notamment offrir davantage de places aux jeunes 

Chaque soir vers 18h30, le journaliste Simond Colaone évoque des thèmes de société dans son émission diffusée toute la semaine sur France3 Hauts-de-France.

A l’occasion d’une émission consacré à l’inclusion des personnes en situation de handicap dans le monde du travail, les invités étaient Mathieu Froidure, entrepreneur à Lille et Yannick Kusy, porte-parole de l’association arpejeh.

Une opportunité de faire mieux connaître au public de cette grande région les différentes actions menées par nos chargées de missions Manon Dandrieux et Mathilde Large, au quotidien. 

Voici ci-dessous la vidéo sous-titrée de l’émission

Voici, ci-dessous, l’intégralité de la transcription des échanges et des reportages durant cette émission:

(Simond Colaone présente l’émission) : « bienvenue merci d’être là j’espère que tout va bien… iI y a un sujet dont on parle très peu mais, finalement, qui nous concerne tous… c’est le handicap. Comment insérer… permettre aux personnes en situation de handicap de pouvoir trouver un travail? vivre, en somme, une vie normale. Alors attention : quand on parle de handicap, bien souvent, il ne se voit pas. Et pourtant, ça reste un frein à l’embauche… une barrière pour la personne elle-même. Le handicap c’est une richesse pour l’entreprise. Et c’est le thème de l’invité ce soir. Nous allons en parler très concrètement avec un entrepreneur, non-voyant, très impliqué sur le sujet. C’est Mathieu Froidure qui est en plateau avec nous. On va le rejoindre dans un instant. Nous allons aussi évoquer la situation des plus jeunes qui ont toute une carrière à construire : le porte-parole de arpejeh Yannick Kusy sera en visio avec nous… Mais d’abord, Christelle Juteau va revenir sur la réalité du handicap en entreprise dans la région… Christelle … »

(CHRONIQUE) Alors que la loi exige que chaque société d’au moins 20 salariés compte au moins 6% de travailleurs handicapés dans son effectif, le chiffre réel se situe plutôt autour de 3,5%. Pour aider les entreprises de plus de 100 salariés à recruter des personnes en situation de handicap, il existe un plan régional d’insertion professionnelle des travailleurs handicapés des Hauts De France. Le but : développer l’engagement de tous. Celui du chef d’entreprise qui doit convaincre tous les salariés de son bien-fondé. Celui des salariés, des managers qui se mobilisent pour les accueillir. Celui du salarié handicapé qui doit prendre sa place dans l’entreprise. Et cela semble marcher. Selon la Directe « Hauts-de-France », entre 2016 et 2020, cela a permis le recrutement de 14000 personnes en situation de handicap en CDD et en CDI… et aussi 2000 contrats en alternance et 1300 stagiaires. Il existe aussi le groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification qui favorise l’insertion des personnes éloignées du marché du travail, grâce à l’alternance. Grâce à ses initiatives régionales et nationales, le taux de chômage en 2022 des personnes handicapées est de 14%. Il était de 18% avant la crise du covid…

(Retour en plateau)

SC: Merci beaucoup Christelle. Bonsoir Mathieu Froidure, comment ça va?

Mathieu Froidure : Bonsoir Simon. Très bien.

SC: On est ravi de vous recevoir ici sur ce plateau… vous êtes donc chef d’entreprise… nous vous avions reçu il y a quelques temps dans l’émission… vous aviez contribué à une exposition immersive au Musée des Beaux-Arts de Lille, en tant que non-voyant. Un handicap qui vous touche depuis quand? Je crois que c’était progressif, c’est ça?

MF : Tout à fait. En fait, mes parents ont détecté ma déficience visuelle vers l’âge de 6-7 ans au moment où on apprend à lire. J’ai une sœur qui me suit de quelques mois… et elle lisait mieux que moi. Et du coup, en fait, quand les parents demandaient de lire -notamment les plaques numéralogiques- j’étais moins bon que ma sœur. Alors peut-être aussi dit au fait que j’étais pas forcément un bon élève… Mais en tout cas, il y avait aussi une autre raison qui était le fait qu’on a détecté une déficience visuelle.

SC: Et dans la suite de vos études notamment… Est-ce que ça a été compliqué pour vous? Comment vous avez vécu ça?

MF : Alors j’ai toujours tendance à essayer de vivre normalement donc j’ai suivi un cursus classique jusqu’à une école de commerce, avec quelques aménagements. En toute fin d’école de commerce, avec quelques aménagement en toute fin d’école de commerce… j’ai passé quelques épreuves à l’oral. Mais sinon le cursus était tout à fait classique…

SC: Voilà. Et aujourd’hui vous êtes donc à la tête de deux entreprises dans l’informatique et le handicap… C’était une chose logique pour vous… ça s’est fait logiquement?

MF : Logique… Rien n’est jamais logique dans ce genre de choses mais j’ai quand même 200 ans de d’entrepreneuriat derrière moi. Ce qui fait que peut-être que j’ai une fibre à ce niveau là… et j’ai commencé par monter une société dans l’audiovisuel étonnamment… et quand j’ai rencontré Benoît et Michel qui sont les fondateurs d’Urbilog j’ai tout de suite dit banco… et je suis rentré dans l’aventure et ça fait bientôt 25 ans.

SC: Voilà…Urbilog et donc Compétences… ça c’est une autre entreprise qui, justement, aide les entreprises à pouvoir faire appel à des personnes en situation de handicap. C’est ça l’idée?

MF : Alors, en fait, Urbilog travaille essentiellement sur la partie « accessibilité numérique ». Là, on aide nos partenaires à rendre leur environnement digital accessible… L’idée c’est que les sites internet, les applications mobiles, en fait chacun de nous les utilisent dans son quotidien. Donc avec Urbilog, on est en capacité d’accompagner nos partenaires pour faire en sorte qu’ils puissent avoir des clients en situation de handicap. Et Compétences c’est une autre société qui a pour objectif d’intégrer des personnes qui sont en situation de handicap sur les métiers du numérique. Et là on va travailler sur la création de sites internet… sur ce qu’on appelle la recette… c’est du test par exemple… enfin tout ce qui tourne autour de l’informatique. Et comme on a deux modes de fonctionnement … un que l’on appelle « en centre de service » c’est à dire avec des personnes qui sont chez nous et qui travaillent sur des projets et qu’on appelle « au forfait »… et le deuxième volet…

SC: .. Ils sont en entreprise, c’est ça ?

MF : Exactement…et l’idée c’est vraiment de se dire qu’on va intégrer des personnes dans les équipes de nos partenaires. Ce qui veut dire que l’on va pouvoir accompagner nos clients à mieux intégrer le handicap également dans leurs équipes.

SC: Elles font ça parce qu’elles s’intéressent vraiment au sujet ou elles le font par obligation ? Parce qu’on sait que -évidemment- il y a des quotas -Christelle le rappelait tout à l’heure-

Voilà… Il y a les deux…

SC: Elles le disent clairement quand elles font appel à vous ou pas?

MF : Non pas toujours mais en fait ça se ressent. Alors c’est pas forcément les entreprises… d’ailleurs. C’est aussi les personnes avec lesquelles on travaille. Et on sent plus ou moins leur conviction. Et j’ai quand même le plaisir de travailler avec des gens qui sont principalement avec des convictions, même si leur entreprise ne le font pas forcément pour ces raisons-là. En tout cas il y a des personnes en interne qui le font avec conviction. Et les entreprises évoluent aussi, évidemment, au bout d’un certain temps ? Alors elles évoluent parce qu’en fait elles se rendent compte que c’ est tout à fait intéressant. Et parce qu’en fait, on a, dans l’informatique, aujourd’hui, du mal à trouver quelques ressources. Et donc, elles ont aussi ce regard en disant : si ça fonctionne c’est aussi un plus pour nous. Ca nous permet quand même de recruter des talents et tout le monde aujourd’hui cherche des talents… notamment dans le milieu de l’informatique.

SC: Alors bien évidemment, si il y a encore beaucoup de progrès à faire, c’est d’autant plus vrai pour les jeunes qui peinent à se lancer sur le marché du travail … trouver leur voie dans un monde qui leur semble peut-être un peu éloigné… on en parle justement tout de suite avec le porte-parole… qu’on a perdu ! Mais qu’on va retrouver dans un instant… Justement, les jeunes, est-ce que vous vous êtes amenés à les coacher de temps en temps, Mathieu?

MF : Alors nous, en fait, on a tout type de personnes qui rentrent chez nous. Mais il y a souvent des catégories de personnes qui arrivent chez nous en étant jeunes…avec un nouveau travail… alors je dis jeune ou moins jeune parce qu’en fait quelquefois le nouveau travail n’arrive que très tardivement. Mais on a aussi mis en place une dizaine de cursus de formation d’ environ un an -quelques fois même deux ans- avec des grands groupes. On avait par exemple travaillé avec Microsoft sur l’intelligence artificielle pour intégrer une dizaine de personnes en situation handicap cognitif… dans l’écosystème de Microsoft -donc dans les entreprises partenaires de Microsoft-… et donc on a eu un très bon retour à l’emploi suite à cette expérimentation.

SC: On a retrouvé le porte-parole de arpejeh, qui est avec nous, Bonsoir Yannick… Association qui aide justement donc les jeunes en situation de handicap. Qui sont les jeunes qui font appel à vous, Yannick? Est-ce qu’il y a des conditions pour que vous puissiez les aider?

Yannick Kusy : Non, absolument pas, on aide les jeunes de 15 à 30 ans… C’est très important là ce que j’entendais -magnifique- mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que ce problème en France touche d’autant plus les jeunes qu’ ils sont deux fois plus impactés par le chômage lorsqu’ils sont en situation de handicap. Et le problème vient du fait que l’on s’en soucie trop tard. Il faut se soucier de cela dès l’âge de 15 ans, c’est ce que l’on fait. Dès le collège, il faut intéresser les jeunes à l’entreprise quand ils sont en situation de handicap et leur montrer que tout est possible. C’est plus ouvert qu’on ne le croit et les entrepreneurs doivent aussi comprendre -et c’est là que nous on intervient- c’est très important de s’y prendre très tôt. C’est là qu’on change la donne et c’est gratuit, en tout cas.

SC: Oui c’est ça… donc il faut vraiment le faire le plus tôt possible. Les jeunes ont tendance à se mettre des barrières?

YK : Oui, il y a une sorte d’auto-censure des deux côtés… Pas tous les employeurs… parce qu’il y a de plus en plus d’efforts… il y a des correspondants, des référents handicap, maintenant, dans les grandes entreprises. Ca avance… mais quand même on se dit : ça va être un vrai problème, le handicap. Il va falloir adapter… il va falloir acheter du matériel…des choses comme ça. Et en face les jeunes -beaucoup- se disent : ce job là, ce sera jamais pour moi, on ne voudra jamais de moi. Ou alors tout simplement ils ne connaissent pas le monde de l’entreprise. Donc l’idée c’est de mettre en contact ces deux mondes en faisant des visites, en faisant des coachings, en faisant du mentorat… voilà ce qu’on fait chez arpejeh. Et l’idée, c’est d’ouvrir les demandes et de faire tomber ces autocensures, ces barrières… et déjà, ça fait avancer un peu les choses. Il faut le faire pratiquement au quotidien avec tous les jeunes…

SC: En fait, Mathieu, parfois, les entreprises sont un peu trop exigeantes sur le CV?

MF : Aussi! souvent! En fait ça fait une vingtaine d’années que je suis dans le circuit et je rencontre très régulièrement les responsables des missions handicap et à chaque fois, j’ai la même réflexion :c’est… « si tu me trouves un bac+5 qui a entre 5 et 10 ans d’expérience, mais je te le prends tout de suite! » Sauf que la problématique, qui vient d’être évoquée, c’est que -malheureusement- le Bac+5 pour des personnes qui sont en situation de handicap, c’est rare. Et en tout cas, ils n’ont pas besoin d’entreprises adaptées pour le sujet. Et par contre, on a besoin d’accompagner les jeunes à intégrer, en fait, les cursus de formation, puis des cursus professionnel, pour leur permettre d’avoir une carrière.

SC: Forcément… alors on ouvre une petite parenthèse… on quitte le monde de l’entreprise pour celui du sport. Mais le parallèle est vite fait. En toute occasion, ce qui est frappant c’est de voir cette incroyable capacité d’adaptation. Nous avions suivi, il y a quelques jours, l’équipe de France céci-foot qui prépare sa prochaine Coupe du monde dans la région…

(REPORTAGE)
Ils auront besoin l’un de l’autre… s’assister pour rentrer sur le terrain… mais l’équipe de France de céci-foot a besoin d’un échauffement bien particulier. Aveugles ou malvoyants, les joueurs se repèrent sur le prêt avec un ballon rempli de grelots et un membre du staff technique posté derrière les cages guide les attaquants. « On pourrait dire que je suis un peu les yeux mais c’est minorer en fait l’ensemble des informations »
Un sport encore en manque de reconnaissance… ils sont joueurs en équipe de France mais ont pourtant le statut d’amateur. « C’est une excellente discipline qui me permet vraiment de surmonter le handicap… Un super plaisir sur le terrain donc il serait quand même très très important qu’il soit vraiment professionnalisé« . L’équipe de France de Cécifoot est championne d’Europe en titre…Le rendez-vous est pris cet été au Mondial pour viser une plus belle couronne.

(FIN DU REPORTAGE et RETOUR EN PLATEAU)

SC: Voilà… on voit que même… dans le sport, il y a encore des progrès à faire… voilà ça concerne tous les aspects. Est-ce que le sport, néanmoins, c’est aussi une porte d’entrée pour les personnes en situation de handicap qui souhaitent intégrer le monde du travail?

MF : En fait il y a une triple intégration. Quand on parle d’intégration, c’est d’abord une intégration sociale. Il faut bien se sentir dans son écosystème… Ensuite, vous avez une intégration culturelle. Dont le sport fait partie. Effectivement, on nous demande aujourd’hui justement de faire du sport… et on fait en sorte que les gens puissent le pratiquer. Pour ne rien vous cacher, c’est compliqué, pour des personnes comme moi, de faire du sport… même si il y a certains sports qui sont accessibles… mais la majorité -notamment des sports de balles- le sont beaucoup moins. Et après vous avez l’intégration professionnelle… mais l’intégration professionnelle ne peut véritablement bien se passer que si les deux premiers ont des socles solides.

SC: Qu’est-ce qui marche le mieux, Yannick, pour faire justement se rencontrer les jeunes et les entreprises?

YK : Il faut absolument faire tomber certaines idées reçues, vous l’avez dit au début de l’émission. Le handicap, il est à 80% invisible… ça peut être des maladies au long cours, ça peut être par exemple des dyslexies, ça concerne beaucoup de familles… beaucoup de jeunes. Donc il faut vraiment se dire que le handicap.. ce n’est pas quelqu’un forcément en fauteuil roulant. Ca représente qu’une personne sur 100 en situation de handicap. Donc ouvrir un petit peu son esprit et se dire que le handicap c’est juste une particularité, à laquelle on peut s’adapter. Et la société doit s’adapter… Mais vraiment, il faut ouvrir les portes et laisser les jeunes -quels qu’ils soient- d’abord faire preuve de leurs compétences, de leur motivation, de leur envie, de leur cursus, de leur formation… et les laisser essayer!

SC: Voilà …vraiment changer les mentalités et arrêter avec les idées reçues sur le handicap qui serait forcément visible. C’est pas toujours le cas ! Evidemment… alors on dit aux jeunes : allez-y ! Merci beaucoup à tous les deux d’avoir participé à l’avant-JT…

N’oubliez pas chaque soir, vous aussi vous pouvez témoigner. Pour ça, c’est très simple, vous scannez le QR code qui s’affiche sur votre écran avec votre smartphone et vous nous envoyez un message. On se quitte, comme chaque soir la citation du jour « il y a peu de différence entre un homme et un autre, mais c’est cette différence qui est tout… William James » je vous souhaite une excellente soirée sur la 3 à 19 heures le journal régional salut salut !

(FIN DE L’EMISSION)